d’ici et d’ailleurs, 40
Montreuil, 24 mars 2021

Performances :
Aujourd’hui, sur la place de la Mairie – qui est aussi celle du Nouveau Théâtre De Montreuil, et celle du cinéma Le Méliès, il y a plus de monde qu’hier pour regarder les artistes qui « occupent » le théâtre. Là, ils occupent son parvis.
Ils ont collé plein d’affiches sur les portes, ils ont fabriqué de très beaux masques, et tous les jours, à 16h, ils jouent – pantomime, petit concert, interactions diverses avec les badauds….
Qui sont-ils ? – ils me disent : on est des jeunes, étudiants de théâtre ou plasticiens, des intermittents, on est des précaires
.https://m.facebook.com/NTDM-OQP-107030884801077/
Si le théâtre est comme la peste, ce n’est pas seulement parce qu’il agit sur d’importantes collectivités et qu’il les bouleverse dans un sens identique. Il y a dans le théâtre comme dans la peste quelque chose à la fois de victorieux et de vengeur. Cet incendie que la peste allume où elle passe, on sent très bien qu’il n’est pas autre chose qu’une immense liquidation.
Antonin Artaud, le théâtre et son double.
Hier, le NTDM communiquait :
« Depuis une semaine, le théâtre est occupé par des étudiant.e.s et artistes précaires.
Néanmoins, le théâtre reste ouvert pour les compagnies et les actions culturelles. »
Parmi ces actions : des répétitions, un projet radio à la Maison des femmes de Montreuil, des représentations et des interventions en milieu scolaire…
Et aujourd’hui :
« L’occupation du Nouveau théâtre de Montreuil se poursuit .
Les étudiant.e.s et artistes précaires se mobilisent pour faire entendre leurs revendications, organisent des assemblées générales et des performances artistiques sur le parvis du théâtre tous les jours. »
https://www.facebook.com/nouveautheatredemontreuil/
Au fait, Agnès et Sergi, comédiens de Montreuil émigrés à la campagne, à qui je m’adressais dans ma dernière page, m’ont répondu : « nous avons pris racine oui ! Enfin presque …professionnellement, nous recevons plus de soutiens que jamais auparavant. L’Odyssée, la scène conventionnée de Périgueux, nous a proposé de devenir leur compagnie associée. »
… Pourquoi faut-il aller au théâtre, demande Bernard Pivot avec insistance, quel est ce bonheur qu’on y trouve, et qu’on ne trouve pas ailleurs ?
– une expérience collective, la présence physique et réelle des acteurs sur le plateau, qui fait que le public devient lui-même un collectif extrêmement vivant, et non pas une foule solitaire, comme au cinéma par exemple… – répond Laurent Terzieff.
https://www.ina.fr/video/I00009309
Des performances, il y en a de toutes sortes, en permanence – ici comme ailleurs. Cet après-midi par exemple, grand vacarme dans notre rue, genre musique de cirque, vaguement orientale : je me dis – c’est une voiture qui annonce l’installation prochaine d’un chapiteau par ici ?… merveille ! des saltimbanques chez les pestiférés !… – alors je cours voir…
… Aujourd’hui : veille de l’Annonciation (hé oui, 9 mois avant Noël), 3 jours avant Pessah, 10 jours avant Pâques… jour des élections en Israël…
…c’est un camion du Beth Loubavitch, qui célèbre l’anniversaire du Rabbi de Loubavitch par des annonces tonitruantes. – Je discute avec l’un des jeunes du camion : on distribue des bonnes choses me dit-il, des lectures aussi, on aide ceux qui en ont besoin, on prépare Pâques…

Sur la place de l’église, la performance hier c’était celle d’un homme allongé devant le portail, qui dormait au soleil.
Erreur : qui comatait au soleil. Quand je suis repassée, quelques minutes plus tard, deux jeunes en dreadlocks tentaient de le réveiller – ils venaient d’appeler les secours. – Je le connais c’est un type qui ne boit pas me dit un passant. Les pompiers ont mis moins de deux minutes pour arriver.

Sur la place de la mairie, la performance du printemps se mesure au retour de la boutique ambulante des glaces Martinez, et à la longueur de la queue.
Dans la « Rue des Lumières » (le centre commercial), deux gamins intrépides déboulent à toute allure, debout sur le cadre de leur vélo. Chevaleresques. Si rapides, que je n’ai pas le temps de les photographier.
On peut commencer à tirer une idée de la culture, une idée qui est d’abord une protestation…Protestation contre l’idée séparée que l’on se fait de la culture, comme s’il y avait la culture d’un côté et la vie de l’autre. Et comme si la vraie culture n’était pas un moyen raffiné de comprendre et d’exercer la vie.
Antonin Artaud, le théâtre et son double.






Merci Marie, on garde un lien avec cette ville qui nous unit à jamais !
Bien des bises des autres reracinés du sud-ouest.
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Merci et bonne chance à toi Xavier, à vous tous-toutes, et à vos projets de culture-agriculture ! ici à Montreuil, on attend de voir germer – croître tout ça – vous ferez très vite des émules, j’en suis sûre – et pour nous qui restons rats des villes : on ira vous voir, c’est certain !
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